Decisive Response: A New Nuclear Strategy for NATO
Observatoire de la dissuasion n°69
octobre 2019
Dans cet article, Hans Binnendijk et David Gompert estiment que la menace russe requiert l’évolution de la stratégie nucléaire de l’OTAN. Ils appellent à la définition d’une doctrine claire qu’ils nomment decisive response.
En réponse aux agissements russes, les auteurs saluent les mesures prises par l’Alliance pour renforcer sa dissuasion conventionnelle. Mais ils estiment que l’OTAN pourrait être auto-dissuadée d’agir en cas d’agression, par la crainte de frapper des cibles situées sur le territoire russe et ainsi de provoquer une escalade de la crise, y compris vers un affrontement nucléaire. Le choix de ne pas frapper les installations critiques russes, par exemple dans le domaine de la défense aérienne, pourrait conduire à une défaite sur le champ de bataille.
Pour remédier à cette situation, l’OTAN doit impérativement dissuader la Russie de lancer une action hostile en premier. Pour ce faire, il lui faut consolider tout d’abord sa supériorité stratégique, et une capacité de riposte crédible au niveau régional et intercontinental. Pour Hans Binnendijket et David Gompert, cela ne nécessite pas la réalisation d’investissements conséquents, ni la réplique en miroir des déploiements russes, mais l’assurance que les moyens existants peuvent être utilisés rapidement et sans hésitation. Pour les auteurs, l’Alliance doit également envisager d’utiliser la DAMB pour se protéger d’une attaque nucléaire russe sur le continent européen, si la Russie poursuit son déploiement d’armes de courte et moyenne portées. Elle doit enfin statuer clairement que toute attaque nucléaire engendrerait une riposte nucléaire, et ainsi renoncer à des systèmes alternatifs de frappes conventionnelles.
En complément de ce renforcement de la posture, les auteurs suggèrent de faire des propositions en matière de maîtrise des armements, avec par exemple l’adoption réciproque d’une déclaration de nonemploi en premier, de remplacement des missiles, ou de pacte de non-agression cyber des infrastructures de C2, principalement dans un but politique de cohésion de l’alliance.
Les auteurs concluent que malgré les difficultés probables à faire adopter cette « nouvelle doctrine », celle-ci est nécessaire pour permettre à l’OTAN de s’imposer face à la Russie et montrer qu’une attaque, même conventionnelle, envers l’un des membres de l’OTAN engendrerait de lourdes conséquences.