Do Nuclear Weapons Matter?

Le dernier numéro de la revue Foreign Affairs consacre un dossier substantiel à la question des armes nucléaires, en donnant la parole à des experts reconnus et d’obédiences intellectuelles diverses.

Le contenu de ce dossier s’avère toutefois décevant : il relève essentiellement de la vulgarisation d’écrits déjà publiés – sous la forme de contributions plus courtes et facilement lisibles. Il n’y a, par ailleurs, aucun débat entre auteurs ni aucun véritable essai de synthèse.

John Mueller (« Nuclear Weapons Don’t Matter ») répète sa thèse provocatrice selon laquelle « les armes nucléaires n’ont pas d’importance », développée dans un ouvrage de 2009 (Atomic Obsession), et sans prendre en compte les contre-arguments qui ont pu y être opposés.

Ninna Tannewald (« The Vanishing Nuclear Taboo ») résume la thèse qu’elle a développée en septembre dernier dans The Washington Quarterly (voir ci-dessus), sous un angle un peu différent : elle y explique notamment comment et pourquoi, selon elle, Barack Obama n’a pu mettre en œuvre son agenda de Prague – avec quelques piques envers la France.

Elbridge Colby (« If You Want Peace, Prepare for Nuclear War »), qui a récemment quitté le Pentagone, soutient sans surprise une position conservatrice sur la dissuasion nucléaire, et approuve les grandes orientations de la Nuclear Posture Review de 2018, mais en cherchant à se démarquer des analystes républicains les plus durs.

Scott Sagan (« Armed and Dangerous ») présente l’une des contributions en apparence les plus novatrices : il suggère que le développement dans le monde du modèle politique de ce qu’il appelle la « dictature personnalisée » pourrait s’avérer problématique pour la dissuasion dès lors que de tels régimes se doteraient de l’arme nucléaire. Il est toutefois bien en peine de dresser une liste crédible de tels pays, à l’exception intéressante de l’Arabie saoudite (ce qui présuppose, peut-on noter, une révolution profonde du régime politique saoudien, tant celui-ci qui favorise par nature la décision collective).

Olga Oliker (« Moscow’s Nuclear Enigma ») résume ses thèses bien connues sur la nature de la stratégie nucléaire russe, très critiques de la description qui en est faite dans la Nuclear Posture Review de 2018. On notera en particulier sa description de la doctrine navale russe de 2017.

Caitlin Talmadge (« Bejing’s Nuclear Option ») reprend sous une forme abrégée les thèses développées de manière assez convaincante dans son article publié dans International Security (printemps 2017). Elle avance que la stratégie du Pentagone en cas de conflit avec Pékin – décrite comme une série de frappes conventionnelles dans la profondeur du territoire chinois – pourrait conduire de manière inopinée à une escalade nucléaire.

 

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