Arctique / Atlantique Nord : problématiques stratégiques et capacitaires

RESUME

L’Arctique redevient un problème stratégique majeur sous l’effet de deux facteurs. Le premier est le réchauffement climatique qui accélère les perspectives d’exploitation et de transit et pousse les Etats riverains à y affirmer leur souveraineté sur leurs espaces respectifs et les autres à y faire valoir leurs intérêts. Le second est la compétition stratégique globale opposant les Etats-Unis et leurs alliés, à la Russie et à la Chine : elle antagonise les relations, exacerbe les contentieux jusqu’ici gérés par la coopération.

Ainsi, la Russie réaffirme sa souveraineté sur cet espace, guidée par des enjeux économiques et de prestige stratégique. Elle y accroit sa présence militaire et poursuit la modernisation de ses forces même si ses capacités ne sont plus que l’ombre de celles de la guerre froide. Moscou renoue cependant avec la stratégie navale de cette époque, privilégiant la défense active de son bastion, la composante nucléaire océanique. Ceci n’interdit pas des velléités d’actions offensives dans l’Atlantique Nord, qu’il s’agisse d’œuvrer sur les lignes de communication maritime, de contribuer à la dissuasion conventionnelle voire de mener des opérations spéciales sur les réseaux de câbles sous-marins. La Chine inclut l’Arctique dans ses nouvelles routes de la soie. Certes, la dimension militaire est largement absente des initiatives actuelles. Cependant, via les multiples accords scientifiques et commerciaux passés avec les Etats de la région, Pékin y tisse un solide réseau d’influence, aux portes même de l’Amérique. Face à ces défis, Washington adopte une rhétorique diplomatique plus agressive…qui masque en réalité une modernisation mesurée, car non-prioritaire, de ses capacités d’accès à l’Arctique, au grand désarroi des commandements impliqués et des think tanks conservateurs. Le renforcement des capacités navales américaines est plus vigoureux dans l’Atlantique Nord. Il est entrepris en lien avec les alliés, notamment britanniques et norvégiens. De fait, la modernisation militaire de la Norvège, en première ligne face à la Russie, et celle du Canada, qui redoute l’internationalisation de la question arctique, sont d’une autre ampleur.

Dans ce contexte, nos armées seront sans doute amenées à accroitre leurs opérations dans la zone. Aux déploiements dans l’Atlantique garantissant notre dissuasion, s’ajoute la participation aux engagements de l’Alliance : aux missions potentielles actuelles de réassurance, de garantie de liberté de navigation ou encore de sécurité maritime, pourraient à l’avenir s’ajouter la lutte contre des menaces hybrides, voire des missions de protection des biens communs globaux. Cette implication opérationnelle accrue plaide pour le renforcement de capacités adaptées, qu’il s’agisse du renseignement et des télécommunication sur le plan interarmées, de la lutte ASM et de la navigabilité en zone polaire dans le domaine naval, voire des capacités de nos forces aériennes et terrestres à opérer dans les conditions si particulières du grand nord.

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