Découplage ou dérisquage, l’isolement résilient de la Corée du Nord

En octobre dernier, l’auteur évoquait le scénario probable que la Corée du Nord procède « à une forme de découplage diplomatique partiel et sélectif par rapport aux autres pays qui ne sont pas disposés à faire la moindre concession envers la Corée du Nord »Bondaz Antoine, « Isolement ou intégration ? Le réseau diplomatique nord-coréen », Programme Corée sur la sécurité et la diplomatie, FRS, octobre 2023.. Depuis, les ambassades et postes diplomatiques en Angola, au Bangladesh, au Congo, en Espagne, en Guinée, à Hong Kong, au Népal, au Sénégal, et en Ouganda ont été fermés. Notant la détérioration continue des relations entre la Corée du Nord et un grand nombre de pays, pas seulement occidentaux, nous ajoutions que cela conduirait « le régime à prioriser ses relations avec d’autres États », notamment ceux faisant également l’objet de sanctions ou du moins de pressions internationales.

Un article publié par Rudiger Frank il y a quelques jours parle quant à lui d’une nouvelle stratégie de « dérisquage » (de-risking) de la part de Pyongyang, reprenant un terme devenu central pour évoquer la nécessité de diminuer la dépendance… de nombreux pays occidentaux à la ChineFrank Ruediger, « North Korea’s De-risking Strategy and Its Implications », 38 North, 13 décembre 2023.. Selon cet universitaire autrichien spécialiste du pays, la Corée du Nord chercherait désormais à « éviter les risques plutôt qu’à les gérer » dans le contexte d’un « retour géopolitique à une nouvelle Guerre froide ». Il précise que « l’appartenance à une nouvelle alliance solide avec Moscou et Pékin contribue à compenser les coûts économiques et politiques du retour à une politique économique conservatrice centrée sur l’État et à l’isolationnisme international ». Son analyse se fait sur le temps long et vise à démontrer qu’il y a bien un changement fondamental de la posture de Pyongyang. Force est de constater que la stratégie de Pyongyang évolue, mais l’invasion russe de l’Ukraine ou une « nouvelle Guerre froide » en sont-elles la raison principale ?

Les informations nous arrivant du pays sont parcellaires et le sont encore plus depuis la fermeture de 2020 qui a conduit les ambassades occidentales, les quatre ONG étrangères résidentes – toutes européennes – et les organisations internationales, onusiennes ou non, à retirer leurs personnels. Il est donc difficile d’analyser les raisons des choix nord-coréens, d’autant plus que le régime n’a pas cherché à les argumenter (comme cela a été le cas pour la fermeture récente de certains de ses postes diplomatiques à l’étranger). Toutefois on peut noter deux grandes tendances de fond qui pourraient permettre de mieux comprendre la stratégie nord-coréenne actuelle : son isolement mais aussi sa résilience.

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