L’année 2015 s’est inscrite dans la continuité des tendances que le conflit ukrainien et la crise russo-occidentale consécutive ont dessinées dans la politique étrangère de la Russie, tout en donnant d’elle, avec l’intervention en Syrie, l’image d’un État prêt à s’engager dans les affaires du monde quand il l’estime nécessaire. Désormais, sans exclure une détente à terme de la relation avec l’Ouest ni de travailler à sa relance, Moscou ne croit plus en un partenariat stratégique avec les puissances occidentales. Accélérant le rééquilibrage de sa diplomatie vers l’Asie, la Russie considère que par certains de ses effets, le conflit en Ukraine peut contribuer à atténuer l’influence occidentale sur la scène mondiale, ce qu’elle voit comme la clef du renforcement de sa propre autorité. Par leur positionnement sur ce conflit, en effet, certains États de poids (Chine, Inde en particulier) ont suggéré qu’ils ne rejetaient pas la lecture qu’en fait Moscou – qu’ils soulignent en substance la part de responsabilité des États-Unis et de l’Union européenne, ou que, ayant fait le choix d’un ancrage fort dans l’économie et la finance globalisées, ils se préoccupent de la signification des sanctions prises par ces derniers à l’encontre de la Russie. Le président Poutine a profité du symbolique 70è anniversaire de l’Onu pour se prononcer de nouveau sur ces sujets : centralité de la souveraineté des États, rejet de « l’exportation des révolutions ‘démocratiques’ », dénonciation de « l’égoïsme économique croissant » de certains pays, porteur d’un risque de « morcellement de l’espace économique mondial »Discours à l’Assemblée générale de l’ONU, 28 septembre 2015

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