Arms Control and Europe. New Challenges and Prospects for Strategic Stability
Observatoire de la dissuasion n°101
octobre 2022
Sous la direction de Polina Sinovets et William Alberque, un nouvel ouvrage cherche à s’interroger sur l’avenir du concept de stabilité stratégique en Europe après la guerre en UkrainePolina Sinovets et William Alberque, (éditeurs), Arms Control and Europe. New Challenges and Prospects for Strategic Stability, Springer, 2022.. Bien que certains chapitres s’enchaînent de manière un peu décousue et ait été rédigés avant février 2022, l’ouvrage permet d’apporter un éclairage intéressant sur certains aspects de la sécurité européenne dans le contexte actuel, et en particulier d’évaluer le rôle de la dissuasion élargie. Les premiers chapitres s’intéressent au couple stratégique Russie – États-Unis en observant les évolutions en termes capacitaires, le rôle joué par les technologies de rupture et les dynamiques en termes de maîtrise des armements. En particulier, les auteurs rappellent les conséquences pour les Européens, au sens large, des efforts russo-américains pour encadrer la compétition stratégique via des accords négociés et un dialogue de haut niveau. Les mécanismes de consultation avec l’OTAN sont évoqués, ainsi que les objectifs partagés entre Washington et ses alliés concernant la non-prolifération de manière large, en particulier depuis le retour d’une équipe démocrate à la Maison Blanche. L’importance pour les États-Unis de démontrer une approche plus cohérente et consultée à l’avenir est soulignée.
Au niveau stratégique, le glissement russe d’une stratégie de dissuasion à une stratégie de coercition nucléaire a des conséquences évidentes pour la sécurité européenne, tout comme la diversification et modernisation de l’arsenal stratégique russe. Les récents événements ont accentué la crise de la maîtrise des armements nucléaires, mais aussi conventionnels, et les perspectives de progrès dans ce domaine sont obstruées pour des raisons politiques mais aussi techniques et stratégiques.
La seconde partie se penche sur les évolutions propres à la dissuasion élargie américaine en Europe et la place des puissances nucléaires européennes dans les équilibres de sécurité sur le continent.
Tout d’abord, un contributeur note les paradoxes entre les évolutions de la situation stratégique sur le continent et l’environnement normatif, en particulier depuis l’adoption du TIAN. Le rôle spécifique des forces nucléaires indépendantes française et britannique est reconsidéré à l’aune de la guerre en Ukraine, avec une analyse convergente des vertus pour Paris en particulier de préserver une capacité de dissuasion souveraine mais également de participer au système de défense du continent. Une autre contribution s’interroge sur le format adéquat pour assurer la crédibilité de l’arsenal britannique dans le contexte actuel. La perspective de l’Allemagne est examinée, allié traditionnellement sceptique concernant la dissuasion élargie mais ayant largement revu sa position depuis l’invasion de l’Ukraine, tout comme celle de la Turquie.
La dernière partie évoque les défis auxquels l’Europe est confrontée dans le domaine de la sécurité. L’Ukraine, la mer Noire et l’Iran sont les zones sur lesquelles les auteurs centrent leurs analyses. Cette partie cherche en particulier à identifier des facteurs de vulnérabilité, en développant ceux ayant pu causer l’agression russe en Ukraine. Ces vulnérabilités sont notamment analysées sous le prisme de la politique ukrainienne de non-prolifération et de maîtrise des armements.