Australia and the US nuclear umbrella: from deterrence taker to deterrence maker
Observatoire de la dissuasion n°122
septembre 2024
Cet articlePeter J. Dean, Stephan Frühling et Andrew O’Neil, « Australia and the US nuclear umbrella: from deterrence taker to deterrence maker », Australian Journal of International Affairs, janvier 2024. s’intéresse à l’évolution de la posture australienne, à la fois en termes d’alliance et en matière de dissuasion élargie. Il considère que devant la montée en puissance chinoise, l’Australie a considérablement fait évoluer son approche. Tout d’abord, l’alliance américaine était jusqu’à maintenant évoquée de manière assez vague, avec en particulier peu de références au rôle de la dissuasion nucléaire. Pour des raisons de politiques internes, les gouvernements australiens tenaient peu à évoquer publiquement leur contribution au système de dissuasion élargie américaine (alerte avancée), et affichaient une posture de sole purpose en contradiction avec la posture américaine. Les choses ont commencé à changer depuis quelques années, avec par exemple la création d’un dialogue stratégique qui évoque les questions de dissuasion et de maîtrise des armements en Indopacifique, ainsi que d’autres forums ayant pour objectif d’approfondir le caractère « stratégique » de l’alliance. L’accord AUKUS de 2021 a naturellement été un signe très visible de cette évolution et de cet objectif grandissant à Canberra de dissuader des initiatives hostiles chinoises. En 2022, le gouvernement a également aménagé la base aérienne de Tindal pour permettre l’accueil du B‑52. Tout comme d’autres alliés et partenaires asiatiques, l’Australie a donc largement mis l’accent sur sa participation à la posture de dissuasion conventionnelle élargie dans la région. Néanmoins, les auteurs montrent que le rôle grandissant du nucléaire dans la région, et l’insistance en particulier des autres alliés américains tels que le Japon et la Corée du Sud pour renforcer les mécanismes de dissuasion élargie (nucléaire) a un effet sur l’Australie également. D’une part, le pays se trouve potentiellement menacé par les développements nucléaires de la Chine ou de la Corée du Nord. De l’autre, une posture de dissuasion nucléaire élargie solide est essentielle pour contrer les risques de prolifération (à Séoul ou Tokyo). Enfin, dans le risque d’une seconde présidence Trump, les auteurs estiment qu’une plus grande implication australienne dans la posture de dissuasion de manière large serait essentielle pour dissuader Washington de réduire son soutien dans le cadre d’Aukus. De fait, l’article souligne que la coopération militaire opérationnelle plus étroite entre Washington et Canberra offre des opportunités pour l’Australie de davantage contribuer à la dissuasion élargie. Ainsi, les auteurs recommandent l’établissement d’un dialogue stratégique bilatéral consacré à la dissuasion, évoquant de manière concrète la contribution australienne dans divers scénarios d’escalade, voire celui d’un forum multilatéral de planification nucléaire. Ils jugent également que Canberra devrait « rester réceptive à de futures propositions de déploiement avancé de plateformes nucléaires américaines ». Enfin, les auteurs suggèrent de revenir à l’opposition systématique du TIAN à l’Assemblée générale des Nations Unies, et d’abandonner les gestes d’ouvertures envers le Traité mis en œuvre par le gouvernement Albanese et qualifiés de « contradictoires » et « hors de propos » pour un allié américain. Pour les auteurs, il ne s’agit en effet plus d’être un récipient passif de la dissuasion, mais d’endosser ses responsabilités et de contribuer à la crédibilité de l’engagement américain, en particulier grâce au soutien conventionnel apporté aux opérations nucléaires, même si cela s’avère impopulaire dans le court terme.