Arabie saoudite : la question de la succession et l’équilibre interne et externe du royaume
Le royaume d'Arabie saoudite constitue donc stricto sensu un Etat dynastique, dont l’identité « nationale », au sens occidental du terme, n’a jamais constitué le primat de son existence politique sur la scène internationale. Depuis la mort d'Ibn Saoud en 1953, ses descendants se sont succédés sur le trône selon un mécanisme particulièrement complexe, induit par la logique utérine de la descendance polygame et donc prolifique du souverain fondateur, ce qui conduit à la constitution de multiples « clans » dont la rivalité est plus ou moins ouverte. Chaque « clan », en effet, tente de promouvoir l’un des siens à la tête des postes les plus importants du régime, en particulier ceux qui touchent à la sécurité du royaume. Cette organisation « clanique » a donc logiquement nombre de répercussions sur la structure, le fonctionnement et la direction des forces armées et/ou de sécurité. Si le choix des décisionnaires se fait toujours au sein des membres de la famille royale, cette affiliation « tribale » en général, et « clanique » en particulier, détermine toujours assez largement les relations hiérarchiques au sein de ces corps de l'Etat saoudien, au point que l’appartenance « clanique » puisse dans certains cas subsumer le grade militaire. L'identification des « clans » les plus influents apparaît donc incontournable pour appréhender le fonctionnement de l’appareil militaire et sécuritaire du royaume. Et ce d'autant plus que l'origine de ces « clans » d'ascendance bédouine transcende souvent les frontières des Etats constitués. Cette donnée a nécessairement une incidence sur la posture géostratégique de l'Arabie saoudite dans les crises régionales, tout particulièrement syrienne et [ou] irakienne. Elle peut également apporter des éléments de compréhension systémique sur les réseaux existants informels, et aider à déterminer les personnalités [essentielles] du régime saoudien qui comptent ; celles qui ont une influence sur les choix en matière de politique de sécurité et de défense du royaume. Des observations qui peuvent être utiles dans l'appréhension d’une succession dont les modalités demeurent complexes, malgré les timides tentatives de simplification apportées récemment.
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Arabie saoudite : la question de la succession et l’équilibre interne et externe du royaume
Note de la FRS n°12/2014
David Rigoulet-Roze,
16 juillet 2014