Enjeux et perspectives de la mise en place de dispositions de maîtrise des armements en Asie

Synthèse

La maîtrise des armements est régulièrement décrite comme traversant une période de crise, ponctuée par la fin de plusieurs traités emblématiques américano-russes. Alors que la compétition stratégique s’accentue dans la zone Asie, il apparaît de plus en plus important de reconsidérer la validité de cette architecture en intégrant les puissances nucléaires émergentes qui y sont situées. Le continent asiatique est souvent présenté comme réfractaire à la maîtrise des armements, et le développement des arsenaux nucléaires n’y est pas entravé par des mécanismes normatifs.

Ce diagnostic est cependant trop caricatural : il existe en réalité en Asie des mécanismes de régulation, qui passent notamment par des déclarations unilatérales, mais aussi des engagements dans le cadre multilatéral. En particulier, l’adoption d’une posture de non-emploi en premier par deux États de la région est perçue comme un signe important de retenue. De manière plus pragmatique, les diverses dyades nucléaires en Asie ont généralement adopté des mesures de confiance et mécanismes de gestion de conflits dont l’objectif est d’éviter l’escalade d’un affrontement au niveau nucléaire. Selon les cas, ces mesures sont principalement infra-conventionnelles, mais dans certains cas, elles s’appliquent également aux systèmes stratégiques.

Néanmoins, ces mesures restent limitées et insuffisantes au regard des enjeux. La plupart des puissances nucléaires du continent auraient un intérêt à envisager des initiatives plus contraignantes, en particulier pour réduire les risques stratégiques dans la région, prendre en compte les logiques triangulaires et encadrer les spirales de course aux armements. De nombreuses propositions ont été faites dans le domaine de la maîtrise des armements stratégiques, en particulier pour intégrer la Chine à des mécanismes existants ou pour étendre et renforcer les mesures de confiance et de transparence existantes. Des obstacles empêchent la négociation de tels accords – obstacles de nature politique mais aussi stratégique, puisque plusieurs acteurs fondent leur dissuasion nationale sur le principe d’ambiguïté. S’y ajoute le caractère asymétrique des relations entre de nombreux acteurs.

Dans ce contexte, l’adoption de régimes contraignants de grande ampleur reste peu probable dans le futur proche. En revanche, des progrès sont envisageables sur des segments plus modestes et pragmatiques. Enfin, il demeure utile de poursuivre ces débats dans le cadre multilatéral, format qui est particulièrement valorisé par plusieurs acteurs de la région.

 

Crédit image : Maxal Tamor/Shutterstock.com

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