Intégration multimilieux / multichamps : enjeux, opportunités et risques à horizon 2035

Introduction

Le concept d’opérations « multimilieux / multichamps », adaptation française de celui des Multidomain puis Joint All Domain Operations américaines, est en pleine phase de maturation intellectuelle au sein de l’appareil de force français depuis environ deux ans. Nos armées ont déjà institutionalisé la notion, notamment par son inclusion dans le concept d’emploi des forces, par la publication d’un concept interarmées et d’un concept de l’armée de l’Air et de l’Espace, et par son incorporation dans la nouvelle version de la doctrine d’emploi des forces (DEF). Le concept interarmées considère ainsi que le M2MC est le nouveau « cadre structurant » de l’engagement des armées. La notion d’intégration des actions (dans une large acception) dans ces différents milieux et champs est à cet égard cardinale. Le débat se poursuit pour autant activement quant à la forme que devrait concrètement prendre cette intégration M2MC. On peut même considérer qu’il en est à son acmé.

La présente étude s’inscrit dans cet effort de réflexion. Le mandat du CICDE est que cette étude aille au-delà des principes retenus dans le corpus doctrinal actuel et des mesures déjà prises « en s’inscrivant résolument dans une échelle de temps à 15-20 ans (vision prospective) et aborde les volets suivants : opérationnel, capacitaire, financier (budget), organisationnel, norme et convergence des programmes, ressources humaines et formation, préparation opérationnelle ». Pour répondre à cette demande, cette étude est structurée en quatre parties :

  • Tout d’abord, un cadrage terminologique. Dans un environnement sémantique mouvant, il est nécessaire de disposer d’un lexique de travail. Ce cadrage repart dans la mesure du possible des abondants travaux doctrinaux mais propose également bon nombre de définitions et de typologies complémentaires ;
  • Ensuite, un exposé des visions équivalentes des autres puissances. Cette partie commence bien entendu par les Américains mais aborde également les initiatives ou réflexions de l’OTAN et d’autres alliés ou partenaires. Elle développe ces dernières en complément des éléments d’information déjà proposés dans le concept M2MC du CICDE. Elle expose également le cas moins connu de l’équivalent du M2MC pour une petite puissance, en l’occurrence Singapour. Elle traite de même les conceptions intégratrices mais aussi les contre-stratégies de nos compétiteurs principaux (Russie, Chine, Iran). Cet exposé n’est pas seulement à vocation informationnelle mais présente des éléments utiles pour explorer les pistes d’intégration ;
  • La troisième partie a trait aux opérations M2MC à moyen-long terme. Il est apparu important de développer la physionomie de ces opérations en tant que telles, avant de traiter des voies de l’intégration proprement dites. Elles sont abordées sous l’angle des évolutions ou transformations technico-opérationnelles au sein de chaque milieu ou champ en se concentrant bien évidemment sur celles qui ont un impact sur le cadre M2MC ou s’en nourrissent. Un développement croisant l’ensemble de ces considérations, traitant des phases de contestation et d’affrontement, conclut cette partie ;
  • La quatrième partie, la plus importante de l’étude, aborde les pistes d’intégration, constituant la réponse à la question posée. Tout d’abord, il est apparu important de revenir sur la situation et les attendus de cette intégration. Elle tente de cerner ensuite un « état final recherché » théorique de cette intégration, en expose les défis et, sur cette base, propose un état intermédiaire. Les pistes proposées sont ensuite déclinées. Elles concernent en premier lieu les processus et méthodes, en second lieu différentes options d’intégration par l’organisation, lesquelles relèvent deux ensembles : le commandement et le contrôle (C2), et la mutualisation capacitaire. Chaque option, ou approche, est tout d’abord déclinée avec les éventuels concepts de référence dont elle s’inspire ou se rapproche, puis fait l’objet d’une analyse critique. Le domaine de la formation et de l’entraînement est traité enfin, de façon plus limitée. À noter que si les questions technologiques et programmatiques sont abordées dans les parties précédentes, les pistes d’intégration dans ces domaines devraient représenter une étude à part entière pour éviter les incantations gratuites. Elles ne sont donc que très peu développées dans cette partie.

Pour le lecteur pressé, l’étude s’ouvre sur une synthèse résumant ces différents développements. Elle fait surtout effort sur la dernière partie et, comme le prévoit le marché, inclut un relevé des principales préconisations.

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