Approaches for Managing the Costs of U.S. Nuclear Forces, 2017 to 2046

Observatoire de la dissuasion n°48
novembre 2017

Le nouveau rapport publié par le CBO propose une nouvelle évaluation du coût de la modernisation de la dissuasion américaine dans les 30 ans à venir, et différents scénarios pour parvenir au financement requis[1] Congressional Budget Office, Approaches for Managing the Costs of U.S. Nuclear Forces, 2017 to 2046, octobre 2017.. Ainsi, en s’appuyant sur les propositions budgétaires de l’administration Obama de 2017, le CBO juge que le financement de l’entretien et de la modernisation de la Triade sera de 1200 milliards de dollars (valeur courante, dollars de 2017) d’ici à 2046, dont 800 milliards pour l’opération et l’entretien des forces existantes et 400 milliards pour l’acquisition de nouveaux systèmes. Au pic, le gouvernement américain débourserait le double du prix actuel annuel de la dissuasion.

Le CBO présente en premier lieu le plan de modernisation actuel, avec une décomposition des coûts par programme (forces nucléaires stratégiques, tactiques, laboratoires nucléaires et centres de production des armes, infrastructures C2), avant de présenter 12 options alternatives permettant de gérer les difficultés de financement anticipées.

  Nombre de plateformes en 2046 Economies par rapport au plan de 2017  
Options SNLE ICBM Bombardiers Economies (programmes de modernisation) Economies totales Conséquences stratégiques
1 - Retarder les nouveaux ICBM, bombardiers et têtes interopérables 12 450 100 17 $ Mds 5% Aucune
2 – Abandonner les missiles de croisière 12 450 120 23 2% Frappes nucléaires limitées
3 – Abandonner les bombardiers stratégiques 12 450 120 15 2% Frappes nucléaires limitées
4 – Triade réduite 10 300 120 25 2% Echange nucléaire majeur
5 – Dyade sans bombardiers 12 450 Aucun 50 6% Gestion de crise et frappes nucléaires limitées
6- Dyade sans ICBM 12 Aucun 120 88 10% Echange nucléaire majeur
7 – Triade à 1000 têtes 8 150 120 55 5% Echange nucléaire majeur
8 - Dyade à 1000 têtes sans bombardiers 10 300 Aucun 81 9% dans tous les cas
9 – Dyade à 1000 têtes sans ICBM 10 Aucun 120 106 11% Echange nucléaire majeur

Pour réaliser ces scénarios, le CBO retient trois approches. La première conserve les ambitions actuellement affichées mais décale le calendrier. Dans ce cas, les économies envisagées ne sont que temporaires puisque certains coûts sont reportés au-delà de la période étudiée. Les options 2 à 6 (voir tableau) réduisent l’envergure des forces nucléaires américaines tout en se basant sur le nombre de têtes autorisées par le Traité New Start. Les deux dernières options (7 à 9) réduisent les capacités américaines au-delà des exigences du New Start. Les économies réalisées par l’ensemble de ces options restent modestes en raison des coûts fixes liés à la mission nucléaire et du fait qu’aucune composante ne représente aujourd’hui plus de 25% de l’ensemble des coûts.

Le CBO propose une matrice pour calculer les pertes de capacités engendrées par chaque option. Représentée dans le tableau global (flèche rouge lors d’une réduction nette, orange pour une réduction modérée et jaune pour une réduction légère), ces pertes concernent la gestion de crise (variation du niveau d’alerte et gesticulation dans le but de dissuader en cas de crise), une frappe nucléaire limitée et un échange nucléaire global. Il rappelle les arguments évoqués par différents spécialistes sur l’opportunité de procéder à une réduction du format de l’arsenal nucléaire américain ou au contraire de le renouveler en l’état voire même de le développer dans les plus brefs délais. Par ailleurs, il énonce les différentes écoles de pensée sur les capacités nécessaires pour pouvoir efficacement poursuivre la stratégie de dissuasion américaine.

Ce nouveau rapport permet d’offrir un chiffrage à 30 ans, alors que le rapport publié en février 2017 ne concernait que la période 2017-2026[2] Congressional Budget Office, Projected Costs of U.S. Nuclear Forces, 2017 to 2026, février 2017.. Quelques modifications ont été observées dans la méthodologie, puisque le nouveau calcul comprend 100% des coûts induits par les systèmes duaux (tels que les bombardiers), et les augmentations budgétaires sont intégrées dans la base du calcul. Enfin, le chiffrage est réalisé en dollars courants. Comme à son habitude, le CBO ne propose pas de recommandations et s’en tient à des informations factuelles. Son rapport devrait néanmoins peser dans les débats à venir sur la NPR et fournir de nouvelles valeurs de référence sur les coûts de modernisation de la Triade.

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